Eglise Saint Laurent

Le paysage patrimonial de la Vendée est caractérisé par la présence de nombreux édifices religieux, répartis sur tout le territoire. La loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905, puis la loi du 2 janvier 1907 concernant l’exercice public des cultes précisent que les églises paroissiales construites avant 1905 sont propriétés des communes, qui doivent en assurer la conservation et l’entretien en raison de leur usage public.
Ces édifices, sont les témoins monumentaux de l’histoire religieuse et de l’histoire de l’art du territoire. Au-delà, ils sont aussi un vecteur d’identité pour les populations des communes et, pour certains habitants, des lieux de cohésion sociale en raison de leur usage cultuel. Enfin, ces édifices demeurent souvent des marqueurs urbains structurants autour desquels les bourgs s’organisent.

 

Historique :

La paroisse de Beaurepaire n’existait pas avant la deuxième moitié du XVe siècle. Beaurepaire était une châtellenie de la paroisse de Saint-Pierre de Paillers, aujourd’hui simple hameau de la commune.

Quant à Beaurepaire, synonyme de « belle retraite », si nous en croyons les textes anciens, il se développe autour d’une maison de chasse, le Grand Logis, construit au XVème siècle par les vicomtes de Thouars.
Une demoiselle de Thouars, Catherine, apporta en dot (biens), avec Pouzauges et Tiffauges, le château de Beaurepaire à son nouvel époux, le célèbre Gilles de Laval, dit Gilles de Rais, le Barbe Bleue de la légende.
Personnage légendaire, il devint pendant la Guerre de Cent Ans, l’écuyer de Jeanne d’Arc, qu’il ne quitta pas d’un pas, jusqu’à sa capture par les Anglais. Comme chacun sait après de brillants faits d’armes, mais aussi des crimes abominables, il finit sur le bûcher à Nantes le 26 octobre 1440.
Sa femme, après l’année de veuvage obligatoire, se remaria avec Jean de Vendôme, vidame de Chartres, à qui elle apporta Beaurepaire. Elle mourut en 1462, et entre ces deux dates, elle fit construire l’église de Beaurepaire vers 1450, en réparation des crimes de son premier mari.
En souvenir du supplice subi par Gilles de Rais, elle consacra cette église à Saint Laurent, le diacre romain, qui lui aussi subit le supplice du feu.

L’église primitive, plutôt de la taille d’une longue chapelle à une seul nef de 24 mètres sur 8 d’intérieur, n’était consistée que dans 3 travées, avec 2 bras au milieu, de seulement 2 mètres de profondeur. Cela correspond au transept actuel de l’église auquel on a ajouté un choeur et une nef au siècle dernier.

On y entre par un portail de style gothique flamboyant, aujourd’hui muré, sur lequel une plaque commémore les guerres de Vendée.
Plaque posée en 1935 sur l’ancienne façade de l’église de Beaurepaire, en mémoire de Girard de Beaurepaire, chef vendéen de l’Armée du Centre, et des habitants de la paroisse massacrés en haine de la foi en 1793-1794.
On distingue le blason des Girard de Beaurepaire.

Ce qui prouve la construction de l’église de Beaurepaire par Catherine de Thouars et Jean de Vendôme, son second mari, c’est le magnifique blason en granit qui orne la clé de voûte, de l’ancien choeur.
Il s’agit d’un écartelé qui mêle les armes de Vendôme à celles de Thouars (fleurs de Lys et lions).

C’est en 1852, qu’un projet d’agrandissement de l’église émerge sous l’impulsion du nouveau curé de la paroisse, Monsieur Vion. Il se concrétisera en 1863 par la construction de la nef, du choeur puis du clocher.

 

L’église a donc été agrandie par l’ajout d’une nef et d’un choeur perpendiculaire à l’ancienne nef, afin de composer un plan en croix latine non orienté. Un soin très particulier a été apporté au traitement architectural de cette extension, qui reprend dans son dessin, ses matériaux et l’ornement le vocabulaire du bâtiment originel. Malgré les différentes époques de construction, l’ensemble forme un édifice d’une grande homogénéité, avec une parfaite intégration des éléments du XIXe siècle.

Une photo montre que le clocher initial était couronné par un lanternon surmontant un fronton rectangulaire trilobé. Ce clocher a disparu, puisque la tour est aujourd’hui couverte d’un simple toit à quatre pans.

 

À l’intérieur, on distingue la présence d’un décor du XIXe siècle recouvert depuis par une peinture ou un badigeon.

 

 

 

Une photo ancienne permet de visualiser le décor de la nef avant qu’il ne soit recouvert. On y voit bien les fleurs de lys et des croix entourées de quadrilobes.
Cette photo est un précieux témoignage historique qui permet de savoir à quoi ressemblaient l’ancien autel et la chaire à prêcher, non conservés. Elle permet enfin de constater que le retable de Saint-Laurent ne se trouvait pas encore au fond du chœur.

 

 

 

À l’intérieur, on remarque également que la baie orientée de l’ancien choeur gothique a été partiellement obturée dans sa partie inférieure.
Cette obturation pourrait dater de la deuxième moitié du XVII° siècle et s’expliquer par l’installation du retable de Saint-Laurent qui date de 1668.

 

Le retable

 

Le retable, privé de son autel, a été encastré, lors du changement d’orientation de l’église en 1867, dans l’ancienne porte principale rebouchée.
La photographie permet d’identifier l’emplacement du retable en 1972.

Puis le retable a de nouveau été déplacé au XX° siècle à son emplacement actuel, dans le nouveau choeur, dans l’axe de l’église de la nef.

 

 

 

 

 

Le reste du retable semble avoir été démonté.
Le calvaire du Sacré-Coeur, situé rue du 11-Novembre est une ancienne chapelle Notre-Dame-du-Sacré-Coeur, établie en 1850-1860, à partir d’éléments en provenance du retable de l’église Saint-Laurent, datant de son agrandissement et son changement d’orientation.

 

 

 

 

 

D’autres éléments ont été réutilisé pour partie comme moellons pour l’extension de la sacristie sur la façade Est (nombreuses pierres calcaire posées en délit dont on peut observer le profil de certaines moulures).
Les pierres sculptées ont été replacées dans les élévations de cette extension. Malheureusement, ces décors n’ayant pas été conçu pour être installés à l’extérieur, se dégradent progressivement sous l’action des intempéries (traces de polychromie sur la corniche).

 

Consacré à Saint-Laurent, saint patron de la paroisse, ce retable surmontait un tableau représentant une sainte, aujourd’hui disparu. Seule la partie supérieure est encore visible.
Quatre colonnes dont le tiers inférieur est peint en gris et le haut en faux marbre brun, surmontées de chapiteaux composites au milieu duquel est gravée la date : 1668.
L’entablement est surmonté de deux ailerons encadrant un blason comtal entre deux palmes.
Ce blason est celui des Girard de Beaurepaire (d’azur à trois chevrons d’or).
Entre les colonnes, de chaque côté, un angelot et une lourde guirlande.
Le saint, dans une niche à coquille, est vêtu de l’aube gris-blanc et d’une dalmatique rouge.
Il tient, dans la main droite, la palme du martyre et soutient, de la main gauche, le gril, instrument de son supplice, reposant à terre.
La statue est en bois polychrome.

Saint Laurent fut nommé diacre du pape Sixte II, et comme ce dernier martyrisé lors de la persécution de Valérien en 258. Il était trésorier de l’Église et, selon la légende, ses persécuteurs lui demandèrent de leur en livrer les richesses. Il répondit à cette demande en leur emmenant des orphelins : « Voilà les trésors de l’Église, que je vous avais promis. J’y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu ; l’Église n’a point d’autres richesses. » Furieux, le préfet le fit déchirer à coups de fouet, puis rôtir à petit feu, sur un gril au-dessus d’un lit de braises. S’il fut effectivement mis à mort, il semble cependant que le supplice du gril soit légendaire.

 

Les cloches et le clocher

Elles sonnent à Beaurepaire depuis la création d’un monastère fondé à Paillers dans la deuxième moitié du VIème siècle.
St Pierre de Paillers eut par la suite une église où sonnait au moins une cloche instrument servant d’appel des populations, car la cloche n’était pas d’invention chrétienne. Son usage était connu en chine sous le dynastie Tchéou (1123 à 247), avant Jésus Christ. On se contenta donc d’adapter son usage aux besoins du culte catholique. Et c’est vers 515 que nous trouvons mention des cloches dans les monastères, et elles devinrent d’un usage courant au Vème siècle.

Les cloches anciennes sont assez rares. Beaucoup durent être refondues pour recevoir une forme nouvelle au cours des siècles.

On distingue plusieurs parties dans la cloche nouvelle :
– la partie la plus épaisse contre laquelle frappe le battant,
– les saussures ou parties moyennes se rapprochant de la forme cylindrique,
– la calotte supérieure dans laquelle sont fixés à l’intérieur l’anneau du battant
– et à l’extérieur les anses. Le battant est rattaché à l’anneau par une courroie de cuir, les cloches de Beaurepaire en feront une forte consommation, comme en font foi les comptes de la fabrique. Les cloches sont solidement attachées par des tiges de fer à un appareil de suspension en bois appelé le mouton.

Les principaux fondeurs étaient de l’Est de la France, mais on comptait aussi des fondeurs dans notre région, tel les Peygné à Mortagne.
Les cloches celtiques sont de fer et de bronze. Le bronze des cloches se compose ordinairement de 75% de cuivre, et de 25% d’étain. On ajoute parfois du zinc.
Jusqu’au XIXème siècle, les ateliers de fondeurs étaient rares. Le travail se faisait sur place. Le fondeur établissait son fourneau là où il avait son travail. Un local était mis à la disposition du fondeur, parfois une grange, ou même le sol d’une église. Les 3 cloches ont été fondues par Monsieur CHAMBON, de la fonderie de MONTARGIS dans le Loiret.
Pour la coulée, les paroissiens se dépouillaient volontiers de leurs chaudrons de cuivre ou de leur vaisselle d’étain. Souvent même pour rendre le son de ces cloches plus argentin, les paroissiens jetaient dans le métal en fusion de nombreuses pièces d’argent.

L’usage de sonner les cloches à toute volée est assez récent. L’étroitesse de la plupart des clochers anciens s’y opposait et les beffrois de bois tels qu’ils étaient construits n’auraient résisté.

 

 

Mr Georges THOMAS et son fils Stève, relevèrent les inscriptions figurant sur les cloches en 1998, voici les inscriptions
Grosse cloche : l’an de grâce 1888, petite cloche faite en 1513, sous cette invocation : St Laurenti, Ora Pro Nobis, j’ai été refondue en cette grosse et bénite par autorité de Mgr ClovisJoseph Evèque de Luçon, sous les noms de Laurence Elilie Parrain Mr Emile DAMOUR, Docteur en médecine, Maire. Maraine Emilie DAVID, Dame DAMOUR de la Richerie. L.M. VION, Curé, C BARREAU, vicaire. Firmin BOUSSEAU, trésorier, tous trois représentants de la fabrique et des bienfaiteurs.
Chambon, fondeur à Montargis, Loiret.
Moyenne Cloche: L’an de grâce 1888, cloche fondue en 1817 sous le nom de Ste Marie, j’ai été refondue pour justesse d’accord et bénite avec la grosse sous les noms de Marie-Anne . Parrain Mr Jules Marie Ange des Noyers, notaire, Marraine Clémence LOCARD dame des Noyers. VION curé, C BARREAU, vicaire. Firmin BOUSSEAU, Trésorier, tous trois représentants de la Paroisse et des bienfaiteurs. Chambon, fondeur à Montargis, Loiret.
Petite Cloche : Fondue en l’année 1834, ici sous les noms de Julie-Appollonnie Perrine. Parrain Mr Joseph DAMOUR, Maire. Marraine Delle Julie Appollonnie DAMOUR. Mr MAQUIGNEAU, curé et par suite de fèlure, l’an 1890 de NSJC, j’ai été refondue pour meilleur accord avec les deux belles cloches neuves bénite au nom de Mgr l’évêques Clovis Joseph CAITEAU, sous le vocable de N.D. du Sacré Coeur de J. Parrain Mr Firmin BOUSSEAU, Trésorier. Marraine Delle Marie, fille de Mr Louis BOUSSEAU adjoint au Maire, Mr L VION curé de BEAUREPAIRE, C BARREAU vicaire, Mars 1890 BOUSSEAU. Chambon, fondeur à Montargis, Loiret

Ces cloches ont été électrifiées en 1957 et leurs sonneries sont commandées de la sacristie.

Objets protégés au titre des Monuments Historiques dans l’église Saint-Laurent

Calice et patène : 1737 Argent doré. Poinçon de maître Jean-Baptiste Giraudeau, reçu maître-orfèvre à Nantes en 1729

Retable de Saint Laurent : 1668

 

Bannière de procession : Assomption de la Vierge et saint Laurent : 1839.

Bannière de velours rouge sous une Assomption de la Vierge intégrant au revers un saint Laurent brodé (tête et mains en tissu peint).

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