Histoire

Pour aimer sa patrie, il faut en connaître l'histoire, et à travers ses heures de gloire ou de malheur, elle nous devient plus attachante.

LE PASSÉ DE BEAUREPAIRE

A l’époque de formation de la terre, la mer recouvrait une grande partie de notre commune, et elle y a laissé des traces de son passage, notamment vers Paillers où dans les champs on trouve de nombreux galets roulés, sorte de cailloux dont les angles sont arrondis par le Dux et le reflux de la mer.

Les parties les plus anciennes de la commune sont le Chiron et les Ardillers qui datent de la première époque de l’émergence de la terre. Il eut également Paillers et Vieille, les points d’habitats primitifs. On y a trouvé des haches de silex de plusieurs milliers d’années.
Mais Paillers fut aussi dès l’époque gauloise une bourgade importante au bard de la Maine. Les rivières ne servaient-elles pas de voies de com­munication ?

 

Vinrent les Romains, et deux routes importantes traversèrent notre commune. Celle de Saint-Gilles à Rom, dans les- Deux-Sèvres. Elle passait au Pont de Bazoges, longeait la Gémaubretière où se trouvait une petite forteresse, dans le champ du Chatelet, passait près de la Bournigal, suivait la route de l’Auriaudière, arrivait au Plessis, qui est également une petite forteresse romaine, et se dirigeait vers les Herbiers.
Une autre voie s’embranchait sur celle-ci près de l’Echasserie, passait à Bellefontaine, montait vers les Ardilliers, traversait la Crûme sur un pont romain, non loin de Remberge et continuait par le Chatellier de la Verrie, vers Mortagne et Cholet.
Une troisième voie, celle de Brest à Aigues-Mortes, passait au nord de la commune, au-dessous du Chiron, L’ Auraire, l’établissement gallo­romain de la Salle, près de la Godardière, dont il ne reste plus rien pour continuer vers les Herbiers.

Puis, au début du Christianisme, la bourgade gauloise de Paillers devient le siège d’un important doyenné rural, regroupant plus de 20 paroisses des environs. Paillers sera le grand centre religieux du haut-bocage.
Mais les normands débarquant sur nos côtes, remontèrent le cours des rivières et détruisirent Paillers. Les moines transférèrent leur établissement à quelques lieux de là, aux pieds du château de Montaigu, qui devint le chef-lieu dont le titulaire prenait le titre de Doyen de Montaigu et Paillers, son annexe décanale, ainsi pendant plusieurs siècles jusqu’en l’an 1600.
Pendant que Paillers devenait le siège de cet important doyenné, puis déclinait, Beaurepaire n’existait pas encore.

Il y avait bien vers le nord, deux importants étangs : la Jaillardye et Badvieille, près desquels les vicomtes de Thouars, seigneurs de tout le pays, construisirent une maison de chasse, à laquelle ils donnèrent le nom de « Belle-Retraite » en latin qui était la langue de l’époque « Pulchrum Repairum » qui plus tard donnera Beaurepaire.

 

 

 

Puis comme toujours autour d’un château important, des tâcherons, des artisans se groupèrent. Les seigneurs de Thouars firent construire des maisons qu’ils leur concédèrent moyennant 12 livres de rente annuelle.
Une demoiselle de Thouars, Catherine, apporta en dot, avec Pouzau­ges et Tiffauges, le château de Beaurepaire à son nouvel époux, le célèbre Gilles de Laval, dit Gilles de Rais, le Barbe Bleue de la légende. Person­nage légendaire, il devint pendant la Guerre de Cent Ans, l’écuyer de Jeanne d’Arc, qu’il ne quitta pas d’un pas, jusqu’à sa capture par les Anglais. Au Sacre de Reims, Gilles de Rais fut chargé d’apporter l’ampoule de Saint Chrème dont fut oint le Roi Charles VII. Mais sa grande prodigalité, son amour du luxe, le ruinèrent. Il eut alors recours à la sorcellerie pour redorer cette fortune qui lui fondait dans les mains. A l’instigation d’alchimistes délirants, il offrit des sacrifices sanglants au démon, espérant ainsi que le sang offert lui apporterait l’or dont il avait tant besoin.

 

 

La légende raconte que « la Femme à la Boule d’Or » attirait au moyen de cette boule les petits enfants, les empochait dans un grand sac et les livrait au méchant seigneur. C’était l’histoire du seigneur de Tiffauges et de Beaurepaire, qui s’était transmise tout au long des siècles.
Émus par les plaintes des parents et à l’instigation de l’Evêque de Nantes, le duc de Bretagne fit arrêter Gilles de Rais. Condamné, il fut brûlé vif sur une place publique de Nantes, en octobre 1440.
Gilles de Rais tenait beaucoup à Beaurepaire. Sa belle-mère étant devenue veuve, Gilles pour s’en débarrasser, lui promit, si elle se remariait de lui donner Beaurepaire. Comme le don en valait la peine, la belle-mère se remaria avec un brave chevalier des environs. Mais Gilles de Rais refusa de donner Beaurepaire et le garda.
Au terme d’un processus de mythification, Gilles de Rais va devenir au fil des siècles un personnage légendaire associé au personnage du conte de Barbe bleue.

Sa veuve se remaria en 1441 à Jean de Vendôme, vidame de Chartres, à qui elle apporta Beaurepaire. Elle mourut en 1462, et entre ces deux dates, elle fit construire l’église de Beaurepaire, en réparation des crimes de son premier mari.

 

Cette église ne consistait que dans trois travées de 10 mètres chacune, avec deux bras au milieu, de 2 mètres seulement de profondeur. C’est le transept de notre église actuelle, dont la voûte de l’ancien chœur porte les armoiries de Catherine de Thouars et de Jean de Vendôme. En souvenir du supplice subi par Gilles de Rais, elle consacra cette église à Saint Laurent, le diacre romain, qui lui aussi subit le supplice du feu. Elle y érigea une chapelle dédiée à sa Patronne Sainte Catherine, et une statue de cette Sainte figure encore en notre église.

D’abord chapelle seigneuriale, elle ne fut érigée en église paroissiale que 25 ou 30 ans plus tard, vers 1492, et le premier Curé en fut Messire Michel Turpin, Doyen de Montaigu et de Paillers, curé de cette dernière paroisse.

A cette époque, les deux églises de Beaurepaire et de Paillers exis­taient simultanément, mais peu à peu, Beaurepaire prendra de l’impor­tance au détriment de Paillers.

 

 

Puis vers le milieu du 16′ siècle, une religion nouvelle fut prêchée dans la région. Les héritiers de Gilles de Rais ayant vendu Beaurepaire à la puissante famille protestante des Girard des Echardières en la Flocellière, la Religion Réformée y fut prêchée et trouva de nombreux adeptes. Une guerre sanglante et longue ravagea notre région. De nombreux prêtres furent massacrés. Des paroisses restèrent sans Offices Divins pendant plusieurs dizaines d’années. Les couvents, les églises furent incendiés. Ce fut le cas de celle de Paillers, brûlée par le seigneur du Puy-Greffier, Tanneguy du Bouchet, célèbre chef protestant.

Celle de Beaurepaire ne fut pas incendiée. Appartenant aux Girard, seigneurs protestants, elle dut servir de Temple à la Religion nouvelle.

 

Un autre établissement religieux passa au Protestantisme, le Prieuré des Ardilliers-Simbrandière, appartenant à l’ Abbaye de Breuil-Herbault, près Challans. Les moines cultivaient les terres de ces métairies, avaient plusieurs moulins à vent aux Ardilliers, un moulin à eau à Bertre, et un château au bourg, le Grand Logis, situé en face de l’actuel parking des écoles.

Ces moines devenus Protestants s’emparèrent des biens du Prieuré et se les partagèrent. L’un d’eux, Jehan Guignardeau était noble et se fit ensuite appeler seigneur de l’ Ardilliers. Il fit souche et sa veuve qui mourut en 1611, fut enterrée le jour de la Toussaint, dans la partie du Cimetière réservée aux Protestants.

De nombreux petits châteaux parsemaient le territoire de Beaurepaire. La raison en est la proximité des frontières de la Bretagne. En effet, seuls les nobles allaient à la guerre, et les Rois de France leur donnaient des terres à proximité des frontières qu’ils devaient défendre, car la Bretagne appuyée par les Anglais, était souvent en guerre avec la France.

 

Nous trouvons :
La Boisselette, qui appartenait aux Allard, aux Du Chemin, aux Saudelet, et en dernier lieu aux Girard.
La Guignaudière aux Saudelet.
La Gemaubretière aux de Tusseau, aux Saudelet et aux Gour­raud.
Le Plessis aux Prévost de la Boutetière.
La Souchais aux Prévost et aux Payneau.
La Godardière aux Chevrault et aux Prévost.
Le Bois-Porchet aux Drouelin, aux Cathus, aux de la Gaubertière, aux Le Bœuf et aux Baudry d’ Asson.
La Coussais aux docteurs protestants Corbière.
La Pintrollière aux de la Paintrollière, aux Prévost, aux Le Roy et aux Thibault de la Pinière.

 

L’un d’eux, René Thibault de la Pintrollière, fut victime d’une véritable scène de cannibalisme. Dans la nuit du 27 juillet 1728, réunis avec plusieurs autres seigneurs au château de Beaurepaire, un pari insensé fut engagé. Celui qui le perdrait devait être mis à la broche et rôti. Ce fut le seigneur de la Paintrollière, et le lendemain matin son corps affreusement brûlé fut retrouvé à l’embran­chement des routes des Herbiers et de la Barotière, derrière la Mairie actuelle, au pied d’une croix dont la partie haute se trouve sur la chapelle de Notre Dame des Sacrés Cœurs, sur la route de Mesnard. Condamnés à mort par contumace, ses complices et assassins furent, quelques années plus tard, graciés par Louis XV.

Il y avait aussi le château de la Richerie, qui appartint aux Gouffier de Bois y, aux du Tertre, aux Guiraud, aux Barrin et à l’époque de la Révolution aux Conrard de Mahé. Une demoiselle de Guiraud de la Richerie ayant épousé un marin célèbre, Rolland Barrin, marquis de la Galissonnière, Amiral de France, lui apporta le château de la Richerie. La Galissonnière prit part le 29 mai 1692 à la célèbre bataille navale de la Hougue où monté sur le vaisseau « le Saint Esprit » il commandait une escadre.

Son fils, Roland-Michel Barrin de la Galissonnière, seigneur de la Richerie, fut lui aussi Amiral de France, et nommé Gouverneur du Canada, où sa mémoire est encore de nos jours en grande vénération. Il remporta de nombreuses victoires sur la flotte anglaise et mourut le 26 octobre 1756. Ce fut lui qui introduisit en France cet arbre magnifique qu’on appelle « le magnolia ». Un bateau de guerre de la Marine Française porta le nom de l’ancien seigneur de la Richerie, le « La Galissonnière ».

Mais tous ces châtelains étaient peu fortunés, c’étaient de petits propriétaires terriens, et il est faux de prétendre qu’ils possédaient toutes les terres. A la veille de la Révolution, plus de lu moitié de Beaurepaire appartenait aux cultivateurs qui les exploitaient.

Voilà, en résumé, ce que fut Beaurepaire dans le passé, ce passé qui commande l’avenir.

Ecrit par Mr. Jean LAGNIAU (1909-2003)
Historien et Ecrivain Vendéen à Beaurepaire

 

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